Ce 15 décembre, la filière vélo était rassemblée à l’Assemblée nationale pour la présentation des résultats de l’étude sur la place et le rôle des femmes dans la filière vélo. Devenir une filière exemplaire sur l’égalité est un souhait très largement partagé, mais le chemin est long : avec 18% de femmes aujourd’hui, comment atteindre l’objectif de 30% en 2035 ? C’est toute l’ambition de l’étude réalisée par les Roues libres pour France Vélo. Car les femmes sont aussi l’avenir du vélo.
Le vélo a longtemps été pensé et produit par les hommes surtout pour les hommes. En conséquence directe, les femmes sont moins nombreuses à faire du vélo, que ce soit au quotidien (35% de femmes en moyenne en France), en loisirs ou comme sport (13% de licenciées à la FFC). Ce constat a conduit la filière à lancer une étude pour connaître la place des femmes dans l’écosystème vélo dès le lendemain de la signature de son contrat de filière en 2024. Pour avoir plus de femmes sur des vélos, il faut plus de femmes qui travaillent dans le vélo, comme le soulignent les membres de l’Association des femmes à vélo, co-pilote de l’étude.
Mesurer
Avec 18% de femmes en 2024, le vélo est une des filières les moins féminisées. Sur 63 731 ETP recensés, 11408 ETP sont occupés par des femmes. Ces données proviennent des données de l’enquête emplois de France Vélo, qui a fait un focus sur la féminisation des métiers. Mais les situations sont très variées entre les différentes branches d’activité du vélo.
Au niveau des branches, c’est dans le transport à vélo que les femmes sont le moins présentes avec 15,7%(en particulier dans la cyclologistique 7% et les plateformes de livraison de repas 2%). Et c’est dans la production qu’elles sont les mieux représentés, avec près de 26,8%, mais avec de fortes variations, entre 29% en usine de vélos et 5% chez les artisans et le design. La branche sport/tourisme/loisirs est la plus disparate, entre les métiers du sport (12% dans les fédérations sportives, 10% chez les moniteurs, 20% chez les sportifs professionnels) et le milieu du tourisme à vélo bien plus féminisés avec 80% de femmes en office de tourisme. Le secteur de l’aménagement cyclable est plutôt paritaire en collectivités locales et dans les bureaux d’études, beaucoup moins dans le monde des travaux publiques.
Les activités les plus importantes en ETP sont peu féminisées. À l’inverse, les activités relativement peu porteuses d’emplois sont les plus féminisées. Pour autant il n’y a pas de relation systématique entre la taille d’une famille (mesurée en ETP) et son taux de féminisation car certaines activités dont le poids en ETP est relativement important, affichent une forte présence de femmes. En conclusion, la répartition F/H est structurée avant tout par le contenu des activités et les normes sociales plutôt que par leur poids économique.
Comprendre
Toutes les organisations interrogées dans le cadre des focus group déclarent que l’égalité professionnelle est un sujet de préoccupation. Mais elles butent sur des idées reçues et des freins à lever pour agir efficacement pour l’égalité.
Les organisations interrogées s’accordent à dire qu’elles reçoivent très peu de candidatures de femmes à des postes dits “techniques”. La quasi-absence de femmes candidates est une réalité mais ne doit pas être une fatalité. Une marge de progression existe pour attirer plus de femmes à des postes où elles sont les moins attendues. Les offres d’emploi s’adressent rarement aux femmes et les canaux de diffusion ne ciblent pas les femmes
Les femmes ont un accès inégal aux postes à responsabilité et à l’évolution de carrière. Si des efforts sont faits, ils doivent être plus structurés et intégrés dans une démarche plus globale de recrutement inclusif. Ainsi, 87% des organisations interrogées n’ont pas de plan de formation dédié pour les femmes pour les soutenir dans leur accompagnement professionnel et 13%seulement des organisations interrogées ont un réseau de femmes ou d’ambassadrices.
L’articulation entre vie personnelle, familiale, professionnelle est prise en compte de manière inégale : 87% des organisations déclarent mettre en place des mesures pour faciliter l’articulation entre la vie personnelle/professionnelle. Pour autant, des organisations expriment leurs difficultés à recruter ou retenir des femmes à des postes où les horaires sont souvent décalés ou extensibles. Les organisations peinent aussi à recruter des femmes dans les comités de direction ou CA où les réunions se font souvent en dehors des heures de travail.
Du côté des professionnelles interrogées, 50% déclarent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) au cours de leur carrière. Mais la prévention sur le sexisme, le harcèlement, les VSS est presque inexistante, avec très peu d’actions de formation.
Les témoignages des professionnelles sont variés, souvent édifiants. Si peu est fait à ce jour dans l’écosystème du vélo pour accroître la place des femmes, l’envie est là. Pour y remédier, il faut que nous ayons plus de femmes qui aient envie de travailler dans le vélo et qui viennent travailler dans toutes les branches de l’écosystème vélo, du tourisme à la cyclologistique, de la production à la vente, de la réparation à l’aménagement cyclable.
Agir
Agir à son échelle, c’est d’abord adopter une posture d’écoute, d’ouverture d’esprit et de curiosité. Les hommes ont un rôle essentiel à jouer pour faire bouger les lignes de l’égalité professionnelle.
Les recommandations répondent à trois grandes priorités dont les organisations doivent se saisir : attirer et recruter / retenir / faire évoluer les femmes. L’étude détaille des préconisations transversales et d’autres spécifiques pour chacune des six branches métier du vélo.
30 % de femmes dans la filière vélo en 2035
A la suite de cette étude, la filière France Vélo se donne un objectif ambitieux de 30% de femmes en 2035.
Elle prend les sept engagements suivants pour l’égalité avec ses partenaires.

Pour mener à bien cette étude, un groupe de travail composée avec des représentantes des membres de la filière et des professionnelles de toutes les branches d’activités, a travaillé en collaboration étroite avec l’association des Femmes à vélo. L’étude a été confiée à l’Association les Roues libres. Cette étude a bénéficié du soutien financier de nombreux partenaires, en particulier l’Ademe, la Métropole du Grand Lyon, l’Union des entreprises du Sport et du Cycle et le cluster Cara.
Cette étude n’est qu’une première étape de prise de conscience et de définition de préconisations. Soyons toutes et surtout tous engagés dans la durée pour faire du vélo une filière exemplaire où les femmes ont toutes leur place.
La synthèse de l’étude est disponible ici :
251212_rapport_egalité_filierevelo


